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L’archipel des Galápagos au fil de l’eau

Une semaine à bord du Santa Cruz II

Il est de ces lieux mythiques dont on en rêve toute une vie. Isolé dans l'océan Pacifique à 1 000 km des côtes de l’Amérique du Sud, l’archipel des Galápagos s’inscrit pleinement dans la légende et prend une dimension supplémentaire avec la crise climatique et la liste croissante des espèces animales menacées sur la planète. Classé au patrimoine mondial de l'Unesco, l’archipel mérite plus que jamais le titre de "dernier sanctuaire de la vie sauvage" que lui offrit un jour Jacques-Yves Cousteau. Carnet de croisière de Bernard, directeur de production, pour un embarquement immédiat !

 

Dans ce paradis perdu, qui présente une galerie de l’évolution unique au monde ayant inspiré Charles Darwin, tout étonne, charme ou émeut. Ici, c’est l’homme qui doit s'accorder à la faune sauvage et non l’inverse... Pour une harmonie nouvelle et sans pareille.

 

Bienvenue dans le dernier sanctuaire de la vie sauvage

À l’arrivée à Baltra, l’une des deux portes d’entrée aérienne de l’archipel, on découvre le premier aéroport au monde bénéficiant de l’appellation « écologique ». C’est là qu’attend l’équipe du Santa Cruz II qui nous conduit en bus à quelques minutes de là pour embarquer à bord de notre panga (zodiac), qui nous permet de rejoindre le Santa Cruz II mouillant dans la baie. Ce navire de 72 m, réarmé en 2015 pour s’adapter à la capacité maximale autorisée par le parc national des Galapagos (90 passagers), est l’un des cinq bateaux de grande capacité autorisés à naviguer dans les eaux protégées de l’archipel. Bien conçu, bien aménagé, il offre des prestations de qualité que ce soit en cabine ou dans les espaces communs. Afin de réduire son impact environnemental dans un tel site naturel, il respecte les principes du développement durable.

En entrant dans le sanctuaire, la première émotion tient toutes ses promesses. La panga s’approche du rivage pour un débarquement mouillé et déjà le charme agit. Le cadre s’impose dans la parfaite lumière du milieu d’après-midi, illuminant une plage au sable blanc immaculé qui contraste avec le turquoise profond de la mer et les rochers de basalte du rivage. Mosquera est un îlot, un caillou volcanique posé entre deux îles. C’est à ce moment précis que le visiteur réalise ce rapport unique à la faune qui caractérise les Galápagos. Les animaux nous ignorent, confiants, nous ne sommes pas une menace ici. On en oublierait presque qu’on est pourtant dans un monde sauvage. Les excellents guides naturalistes francophones, qui conduisent des groupes d’au maximum treize personnes, nous rappellent parfois à l’ordre : « Trop près ! Respectez une distance d’un à deux mètres ». Mais devant un groupe de lions de mer qui paressent sur la plage, quand on peut même écouter le bruit de la tétée, c’est irrésistible, presque régressif, on ne peut s’empêcher de redevenir un enfant rêveur, on irait bien caresser ces grosse bêtes. On joue à cache-cache avec les crabes, qui n’ont pas compris que leur robe écarlate les fait repérer tout de suite dans les rochers noirs, on imite les iguanes marins allongés dans le sesuvium verdoyant, éternuant pour dégager le sel emmagasiné sous l’eau. On croit rêver, mais c’est bien la réalité des Galápagos. En plus ici, sur cette plage de rêve, on a le droit de se baigner. Tout le monde donne son pronostic sur la température de l’eau, 25° ? 28° ? Je confirme, on est aux Caraïbes. Quel bonheur et quelle entrée en matière pour ce périple d’une semaine !

Un cadre enchanteur, des rencontres surprenantes

Le bateau navigue toute la nuit en direction de l’est et l’île de San Cristobal. Au petit matin, on est déjà à Puerto Baquerizo Moreno, la grande ville (7 000 habitants). Départ en bus pour aller visiter la Galapaguera, centre d’élevages de tortues géantes endémiques. Au cœur d’une belle forêt d’arbustes, on prend conscience de tout le travail opéré par le parc national pour « récupérer » cette espèce, qui fut un temps en grand danger de disparition, depuis la protection des œufs jusqu’à la remise en liberté. Voir ces reptiles mythiques pouvant atteindre 250 kg et cent ans se muer en silence, tout en douceur, tout en souplesse, est un grand moment.

Le Santa Cruz II reprend sa navigation et longe la côte nord de l’île, croisant l’étonnante formation rocheuse du « lion endormi », avant de jeter l’ancre à Punta Pitt. Deux niveaux d’excursions sont proposées selon le choix des passagers, dont l’une offrant une superbe randonnée dans ce site de rêve, après un débarquement mouillé. L’occasion d’un premier contact avec les fous à pattes bleues, les fous à pattes rouges et les fous de Nazca, soit les trois espèces vivant sur l’archipel. C’est la saison des amours pour certains, la saison des sevrages pour d’autres. Cette promenade longeant la falaise permet de prendre toute la mesure de la rudesse de l’archipel. Volcanique, aride, poussiéreux, accidenté, venté, le cadre n’a pourtant rien d’hostile et gagne en beauté grâce aux ocres jouant avec la lumière de la fin d’après-midi. Tant on s’attarde, contemplatifs, que l’on redescend un peu tard sur la plage où l’eau est assez agitée. On abandonne alors le snorkeling pour simplement se baigner, en observant les huitriers fouiller la plage. Soudain, tout le monde s’attarde sur un bébé lion de mer que l’on aperçoit anormalement maigre. On comprend que sa mère a disparu, et comme l’adoption n’est pas de mise chez les otaries, sa fin est inéluctable. On le voit tenter de s’approcher en criant d’une femelle arrivant sur la plage, mais il est ignoré et repart en mer, non sevré. C’est aussi ça la réalité de la faune sauvage, Walt Disney est loin d’ici… Les autres lions de mer sur la plage, se joignent parfois à nous. Difficile de les apercevoir sous l’eau à cette heure tardive mais nous suivraient-ils volontairement ? On imagine qu’on a un échange, qu’on va s’amuser avec eux, belle illusion. On essaie d’attiser leur curiosité en imitant leur cri, à singeant leur position, leur port de tête... Ce qui est beau c’est qu’on y croit – pourvu que personne n’ait filmé ou photographié ! Les Galápagos offrent bien un moment de régression éphémère, c’est sûr !

Randonnée et plongée au programme

Aujourd’hui deux petites îles au programme. À Santa Fe, il fait encore un temps de rêve, un soleil de plomb, 32° à l’ombre, mais quel bonheur ! Encore un cadre presque paysagé tellement il est parfait : figuiers de Barbarie géants, eau turquoise, sable blanc immaculé. La panga nous conduit dans une baie abritée par une digue naturelle où s’établit une colonie de lions de mer. Ce sont des jeunes, ils se disputent les harems, chaque mâle doit préserver son territoire, sa position dominante. On les voit se jauger, se provoquer, se chamailler, se ruer les uns sur les autres, ça hurle, ça se mord, ça passe du sable à l’eau, puis l’un cède et s’éloigne, pendant que l’autre, fier comme un paon, le toise de toute sa hauteur en étirant son cou… A ce moment-là, nous sommes à moins d’un mètre de la scène, les pieds dans l’eau, complètement hypnotisés. Un peu trop près d’ailleurs. Un mâle énervé me rappelle à l’ordre et je recule vite fait.

On part en randonnée sur le sentier rocailleux dans cette forêt d’arbustes et de superbes figuiers. À leur pied se prélassent au soleil des iguanes terrestres qui attendent inertes le bonheur venu d’en haut, soit la chute d’une figue, un pur régal ! Ils ne sont pas très gros sur cette île car la nourriture y est moins abondante. Leur dégradé de jaunes les fait se confondre avec le sol sableux, il faut donc être prudent avec nos pas. Parfois on les voit s’agiter, creusant un nid pour y abriter leurs œufs. Car il faut les protéger, la nature est impitoyable ici, la pitance est rare, tous les oiseaux sont aux aguets, comme cette superbe buse des Galápagos qui attend perchée sur sa raquette cactée géante…

 

Après la promenade il s’agit, pour ceux qui choisissent cette activité, d’expérimenter une première émotion sous-marine dans l’archipel. Depuis la panga, on bascule à l’eau avec masque, palmes et tuba pour un beau parcours dans une baie protégée en suivant la côté escarpée. Les conditions sont idéales, la température de l’eau doit être au minimum de 25°, elle est limpide et l’ensoleillement permet d’éclairer parfaitement les poissons multicolores très nombreux. Soudain, mouvement de panique dans les bancs. C’est une otarie qui fuse sous l’eau, juste en-dessous de nous, pour remonter à la surface et aller se dorer sur les rochers. Le grand aquarium retrouve alors son calme et l’on peut observer à l’envi les mérous tachetés qui ont toujours l’air en colère, les poissons-anges avec leur nageoire caudale jaune fluo, les carangues qui font aussi les gros yeux, les perroquets bleus et leur magnifique robe d’écailles or et turquoise ou encore les bancs de chirurgiens à la bouche en cul-de-poule.

L’après-midi continue sur l’île South Plaza pour une nouvelle balade autour de figuiers de Barbarie qui ici gagnent une taille colossale, le tronc atteignant parfois les deux mètres de circonférence. Ici le terrain est moins accidenté, le sol couvert de sesuvium vert, plante grasse qui rougit en hiver. Petit à petit, on monte vers l’autre versant qui finit en falaise plongeante. De nombreux oiseaux marins viennent nidifier avec l’océan nourricier à proximité. En plus des fous et des frégates réside ici la superbe mouette à queue d’aronde, qui se distingue par la fine membrane rouge de ses yeux et partage son habitat avec les sternes et les puffins, tous endémiques. Soudain la rumeur enfle, quelque chose apparaît en mer. Ce sont des requins des Galápagos, que nous verrons plus tard de beaucoup plus près, et une immense raie que nous aurons aussi l’occasion de croiser sous l’eau. Ces gros animaux viennent parfois en eau de surface pour se nourrir.

La soirée est étoilée, le ciel étant clair et sans lune. Rendez-vous sur le pont Sky, après le dîner, pour un petit cours d’astronomie avec nos guides. Car depuis notre position sur la ligne équatoriale, on peut observer simultanément le ciel des deux hémisphères. Il est si rare de pouvoir admirer ainsi la voute céleste avec la voie lactée que l’on reste cois devant tant de beauté. Les guides utilisent de puissants lasers pour nous indiquer les constellations.

Cap sur Santa Cruz

Pour la journée, on débarque sur l’île de Santa Cruz, à Puerto Ayora, autre ville de l’archipel. Retour court mais brutal à l’urbanité, même si au bout de quelques minutes, en voyant des lions de mer partout allongés, notamment sur les bancs du quai, et des pélicans bruns à l’affût des déchets de poissons du petit marché, on réalise qu’on n’est vraiment pas dans une ville comme les autres… La visite de l’écocentre autour de la station scientifique Charles Darwin (qui ne se visite pas) est incontournable pour qui veut comprendre l’archipel et tout le travail effectué par les missions internationales. Dans ce joli parcours s’égrènent de grands panneaux explicatifs sur les espèces majeures, parfois endémiques d’une seule île, ou les actions de la mission scientifique, notamment pour les tortues géantes que l’on croise nombreuses dans les enclos, les préparant à la réintroduction en milieu sauvage. Au total, dix espèces peuplent les îles. C’est leur carapace et leur cou, adaptés au fil de l’évolution à leur environnement, qui les différencient. On peut aussi y découvrir une carte présentant le parcours du HMS Beagle en 1835, avec à son bord un certain Charles Darwin. Il ne resta sur place qu’un seul mois, parcourant sept îles, pour étayer sa théorie de l’évolution qui allait secouer le monde chrétien.

Départ vers les hautes terres de l’île et le village de Bellavista. On gagne en altitude pour réaliser que Santa Cruz est l’une des rares îles arrosées de l’archipel, grâce à des sommets qui culminent à presque neuf cents mètres, captant les nuages et leur chargement. Le changement est brutal après les désertiques îles du sud. La végétation est ici dense, grasse et abondante. Quoi de mieux qu’un petit parcours en VTT pour apprécier ce cadre revigorant. Malgré la chaleur écrasante, on enfourche nos vélos pour parcourir les quelques kilomètres vallonnés qui nous conduisent jusqu’à une finca produisant l’unique café bio de l’archipel. Le déguster nous semble bien mérité à l’arrivée, fiers d’avoir vaincu les 40° au soleil sur nos vélos !

Pour une fois, le déjeuner n’est pas à bord mais dans un site agréable au cœur d’un domaine qui accueille des tortues géantes à l’état sauvage. La promenade dans ce sous-bois nous fait découvrir un nouvel écosystème, un de ceux qui vous font immédiatement penser aux romans de Tolkien. À moins que ce ne s’agisse des effets secondaires de la balade en VTT sous le soleil… Ici règnent les scalesias, arbres endémiques pouvant atteindre dix mètres, dont les branches se couvrent de mousses et lichens à longues franges. Ils confèrent tout son mystère à ce bois enchanté. Soudain, notre odorat est excité par un puissant arôme de fruit de la passion, mais d’où cela provient-il car aucune passiflore n’est aux alentours ? C’est alors que l’on découvre une tortue géante camouflée sous les branchages, en train de déguster son fruit. Difficile de lire le plaisir dans les yeux d’une tortue géante, mais à jauger la vitesse d’exécution, la délectation était manifeste.

Grand événement en début de soirée. Nous sommes confortablement installés dans le très agréable lounge à la poupe du bateau, en sirotant notre apéritif. Soudain une grande agitation en mer attire notre attention. Tout le monde se lève pour découvrir ce qui se passe. Stupeur ! Des dizaines de requins des Galápagos, atteignant en moyenne les trois mètres, sont en chasse, c’est la panique dans l’eau. On assiste aux effets d’une chaîne alimentaire naturelle : des petits poissons attirés par la lumière du bateau viennent grignoter les algues fixées à la coque, eux-mêmes nourrissant des poissons-volants qui viennent en nombre, dont les requins, aussi en banc, sont très friands. Le spectacle, quoique macabre, est fascinant. Les poissons-volants, dont les écailles argentées reflètent la lumière du bateau, sont très agiles et peuvent voler quelques dizaines de mètres en une fraction de seconde pour échapper, parfois, à leur prédateur. Ce sentiment trouble des humains par rapport au grand squale est à cet instant criant, entre frayeur et fascination. Certains ne peuvent cesser de les regarder tournant autour de la coque et descendent même au premier pont au plus près de l’eau, pour les admirer encore mieux, toujours fascinés, craintifs, heureux d’être bien à l’abri.

Retour vers les îles du Sud

Ce matin, c’est Española. La première partie est un sentier rocailleux au milieu d’une jolie forêt d’arbustes où nichent les pinsons de Darwin. L’étude de ce petit oiseau, qui se décompose en treize sous-espèces endémiques sur tout l’archipel, forme l’une des thèses majeures sur l’évolution de Charles Darwin. Taille, bec, chant, comportement, tous les différencient selon l’adaptation à leur habitat naturel. Vers la fin du chemin s’ouvre une grande clairière et là le voici l’oiseau des oiseaux, le roi des mers, en exclusivité sur l’île d’Española : l’albatros ! Lui qui passe la plupart de son temps en vol ou en mer arrive ici porté par les vents favorables pour passer l’été. Cette année, ils sont un peu en retard sur leur calendrier d’arrivée, seuls quelques-uns sont déjà là. Les couples vont bientôt se former, donc nous n’aurons pas droit à la parade nuptiale cette fois-ci, pourtant l’une des plus belles de l’archipel, en compétition directe avec celle des fous à pattes bleues. Les œufs sont pondus entre avril et juin puis couvés deux mois, le couple est formé à vie. Avec son envergure jusqu’à deux mètres cinquante et son magnifique grand bec jaune, il est d’une élégance renversante en vol. En revanche, une fois au sol, son poids et ses pattes courtes lui donnent un air pataud et maladroit. Le must étant de le voir atterrir. On est de retour chez Walt Disney avec le fameux Orville de « Bernard & Bianca » ! Pour décoller il ne peut battre des ailes, il doit donc marcher cahin-caha jusqu’au bord d’une falaise et se laisser tomber face au vent. Ce que nous avons la chance d’observer, tout en profitant d’un panorama exceptionnel sur cette côte très découpée. Et le spectacle ne fait que débuter. Depuis la falaise, on peut observer en contrebas, dans une piscine naturelle d’eau cristalline, des iguanes marins rouges en train de nager pour aller brouter les algues nourricières. Ils avancent rapides et gracieux sous l’eau, grâce à l’ondulation de leur corps. Ensuite vient le « blow hole », célèbre geyser qui atteint selon la force de la houle, les vingt mètres de haut dans un bruit tapageur de soufflet.

On continue sur le sentier qui va bientôt traverser un autre site encore très étonnant que se partagent les iguanes marins et les fous de Nazca. Ce superbe oiseau, le plus gros des trois espèces de fous de Galápagos, vient ici nidifier, ce qui nous permet d’observer des oisillons à tous les stades du plumage. Du premier duvet au blanc resplendissant, que soulignent un bec orange et des rémiges, ou bords d’aile, couleur chocolat. Les disputes sont parfois rêches entre parent et enfant qui se donnent des coups de bec sous nos yeux. On doit être très prudents où nous mettons les pieds, car les iguanes marins rouges et verts viennent creuser la terre sous des cailloux pour protéger leurs œufs. On ne se lasse pas de l’immersion au cœur de ces saynètes de vie sauvage.

L’après-midi, navigation vers la baie Gardner, toujours sur l’île d’Española. Après un débarquement mouillé on accède à l’une des plus belles plages du monde comme le soulignent les guides. En effet on valide, arc de cercle parfait, eau turquoise, talc de sable blanc et quelques rochers pour poser les contrastes. Cela au cœur d’un environnement totalement sauvage et préservé. Les amis lions de mer sont encore là. Les voir allongés sur le sable se laissant ballotter par le mouvement des vagues en totale décontraction, est une belle définition de la « « dolce vita » façon Galapagos. Après une promenade on remonte à bord de notre panga pour un nouvel épisode de snorkeling autour de l’îlot Isborn, belle formation volcanique connu pour sa faune marine. Bien que cette fin d’après-midi peu éclairée, n’offre pas une expérience à la hauteur de la première à Santa Fe, on fait le tour de l’ilot patiemment jusqu’à rejoindre ce qui doit être le « right spot » du site, « the place to snorkel ». Quatre requins à pointe blanche furètent juste en dessous de nous au niveau des cavités. C’est bizarre, il y a toujours un petit moment d’arrêt dès que l’on croise un requin de récif dans l’eau, comme un instant où l’on se fige en se disant : « si je ne bouge plus, si je ne respire plus, il ne va pas me voir… ». Car bien qu’inoffensif, il fait son effet avec son mètre cinquante et ses yeux exorbités. Ils sont ensuite rejoints par deux espèces marines que chacun voudrait cocher sur sa liste « à voir absolument », une tortue marine et une immense raie. Toutes deux se déplaçant dans un mouvement à l’élégance parfaite. Décidemment Española est un bijou rare.

Ici, c’est l’Éden...

Retour vers le nord, proche de l’île de Santa Cruz, voici l’îlot Eden. Cette sortie en panga nous permet d’approcher un nouvel écosystème encore non aperçu, la mangrove. Ici les superbes palétuviers servent de refuge à de nombreux oiseaux qui viennent nidifier à l’abri des vents, tandis que le grand pélican brun se pose sur les rochers en attendant la prochaine plongée et que les hérons parcourent les plages de toute leur hauteur, à l’affût de nourriture. En s’approchant des racines inondées, on découvre aussi une nursery de bébés requins. Ils doivent mesurer à peine vingt centimètres, mais encore une fois, on ne sait pas pourquoi, l’instinct peut-être, on retire sa main de l’eau...

La fin de la matinée est consacrée pour ceux qui le souhaitent à une balade en kayak. Le meilleur moyen de parcourir en silence et en douceur un vaste terrain de jeu. Il faut juste prendre garde aux aiguisés rochers volcaniques parfois à fleur d’eau.

On rejoint ensuite notre dernière île du périple, Seymour Norte, célèbre pour offrir un concentré de faune des Galápagos. En premier lieu, dernière mise à l’eau avec notre équipement de snorkeling pour voir les fonds marins. Nous observons notre dernier requin à pointes blanches. Ensuite débarquement sec sur l’île. En ce milieu d’après-midi au ciel menaçant, la lumière varie fortement, le paysage est mystérieux, l’impression de rentrer dans une forêt de légendes, irréelle. Ce sont les petits arbres endémiques « palo santo » (arbres d’encens) avec leur écorce blanchie, leurs petites feuilles au vert vif et leurs branches tortueuses qui jouent avec la lumière et provoquent ce sentiment singulier. Ce n’est qu’ensuite qu’on se laisse attirer par les nombreux hôtes de ces bois. Le cœur de cette petite île offre une immersion impressionnante. On est en pleine saison des amours des fous à pattes bleues et des frégates. La parade nuptiale se résume pour le premier en une danse du mâle qui va tenter de séduire la femelle en rythme, soulevant ses pattes comme pour souligner la beauté de leur bleu turquoise, avec parfois une rotation sur le côté et un sifflement sourd. La femelle répond, ou pas, par un sifflement plus puissant et plus long, tout en déployant ses ailes et en étirant son cou vers le ciel. La tendresse absolue ! Quant au mâle de la frégate, il est lui sagement posé dans les branchages, gonflant son énorme goitre rouge vif, espérant attirer, aidé de son ramage, l’une des femelles qui le survolent. De temps en temps, il prend aussi les airs. Si le goitre est dégonflé, c’est qu’il a déjà partenaire trouvée. Il y en a des centaines sur l’île, partout autour de nous, mâles, femelles, oisillons de tous âges, des deux espèces dites magnifiques ou pacifiques. C’est très impressionnant d’assister en direct à cette scène.

La balade revient vers la plage, où le crépuscule gagne. En effet, nous avons tant tardé sur l’île que le temps a passé. Les guides auront du mal à nous faire réembarquer avant le coucher du soleil, le parc fermant à 18h. Surtout que sur la plage, nos amis lions de mer et iguanes marins sont là pour un dernier contact avant notre départ. Derrière eux, la mer est très agitée, de gros rouleaux viennent s’écraser sur la plage, le soleil rasant les éclaire parfois en transparence. La palette est irrésistible : noir des rochers de basalte, bleu vert de l’eau, blanc de l’écume, ocre du ciel au couchant, difficile de quitter ce paysage hypnotique. Mais il le faut, la porte des îles enchantées va bientôt se refermer, on doit maintenant partir, nous sommes déjà privilégiés d’avoir pu profiter pendant une semaine de ce coin de nature unique au monde, de ce rapport inouï à la faune sauvage, dans un site totalement préservé. Les Galápagos n’ont pas failli à leur réputation, la magie a opéré à nouveau sur moi et pour la première fois sur tous mes covoyageurs. Ils reviendront, c’est sûr.

Croisière aux Galápagos à bord du Santa Cruz II

9 jours dans une réserve marine au cadre enchanteur, classée au patrimoine mondial de l’Unesco pour la richesse et la variété de sa faune et de sa flore.

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