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Carnet de voyage en Inde du Sud

L’Inde du Sud vue par Myriam

Responsable de production passionnée du sous-continent indien, Myriam revient d’un voyage de repérage en Inde du Sud, triangle méridional plongeant dans l'océan Indien où elle a déniché de nouveaux lieux aussi inattendus que merveilleux, qui l’inspirent déjà pour concocter de nouveaux itinéraires aux aventuriers amateurs de luxuriance paisible et de temples somptueux. Deux semaines pour explorer Goa, enclave portugaise témoin de la course aux épices, puis le Karnataka, qui comme tout le Sud de l’Inde évoque la douceur de vivre. Récit de voyage.

Ce que j’aime à me remémorer, c’est autant la splendeur et la grâce des monuments visités que tous ces moments passés sur le chemin, qui se savourent à part entière. Tous ces petits riens, mis bout à bout, qui composent le beau paysage d’un voyage en Inde du Sud.

Goa, balnéaire, bohème et latine

Nous avons déjà quelque 24 heures de voyage derrière nous lorsque nous atterrissons à l’aéroport de Dabolim, dans l’État de Goa. Mais la fatigue s’évapore lorsque nous quittons la grande route et la ville pour de petits rubans d’asphalte qui ondulent à travers rizières, cocoteraies, océan Indien et backwaters. Les villages nous enchantent : maisons roses, rouges, bleu roi, vert pastel, jaune citron, brique, mauves se succèdent, ornées de longs toits de tuiles brunes, ceintes de vérandas fleuries et de jardins où le soleil de l’après-midi joue dans les branchages.

Ici, des familles endimanchées sortent d’une église à la façade immaculée, là, c’est le marché et ses étals généreux de poissons fraîchement pêchés et de fruits multicolores. Quelques visites d’hôtels plus tard (le quotidien d’un voyage d’étude !), nous nous dirigeons vers le sud de Goa. Les hameaux se font rares, la végétation change, nous sommes sur un plateau inondé par la lumière rasante du crépuscule. On devine à l’horizon la ligne argentée de la crête des vagues.

Nous voilà arrivées au parking de notre logis pour la nuit. « Parking », un grand mot pour ce terrain bosselé en surplomb de la mer, où rien ne laisse présager la présence d’un hôtel. Nous suivons un sentier à flanc de colline et soudain, la magie opère : une crique profonde, flanquée d’une falaise abrupte d’une part, de l’autre, de rochers épars reliés par des langues sableuses où flânent quelques jeunes vacanciers indiens. Derrière les hauts palmiers coule un ruisseau qu’enjambe une passerelle. En revanche, toujours pas de trace de notre lodge. C’est une voiturette de golfe qui nous y amène, elle gravit silencieusement et sans difficulté apparente le chemin escarpé menant aux quelques petits cabanons de bois qui forment Cabo Serai, un resort répondant aux envies d’écotourisme et qui ne se révèle que par petites touches, à mesure que nous progressons, tant sa présence dans le paysage est discrète. Depuis le restaurant en terrasse protégé par un toit de chaume, nous admirons la mer d’Arabie en contrebas, resplendissante sous le soleil couchant. Rien ne manque dans ce lieu étonnant : une cuisine savoureuse à base de produits frais, souvent organiques, toujours des environs immédiats quand ce n’est pas du potager juste au-dessus de la crique ; un personnel discret, efficace et sympathique, recruté dans les villages alentour ; des chalets à la fois élégants, confortables et bâtis en matériaux locaux ; une vraie politique zéro plastique et une gestion efficace des déchets.

Nous regrettons déjà de devoir repartir dès le lendemain matin : nous ne pourrons pas nager dans la petite piscine nichée dans la verdure, ni randonner sur les collines accompagnées par un guide naturaliste de l’hôtel, ni prendre un cours de yoga dans le yoga shala de la plage, ni sortir en mer dans l’espoir d’apercevoir, au loin, le ballet gracieux des dauphins. Qu’importe, nous accueillons avec gratitude cette soirée parfaitement paisible qui nous est offerte. Très vite, l’obscurité est complète, bougies ou lampes suspendues aux arbres éclairent les sentiers qui sillonnent la propriété. Depuis la véranda de la chambre, dans la délicieuse fraîcheur du soir, on n’entend plus que les grenouilles, les criquets et la houle : pouvions-nous rêver de plus beau prélude à notre périple en Inde du Sud ?

Quand nous arrivons à Chandor le lendemain matin, le bourg est encore alangui, silencieux. Autrefois Chandrapur, voici l'ancienne capitale de Goa, avant que les souverains Kadamba, qui régnèrent sur la région du Xe au XIVe siècle, élurent pour fief Govepuri (la Goa Velha d'aujourd'hui), plus stratégiquement située sur les rives de la rivière Mandavi. L’empire de Vijayanagar annexa ensuite Goa, puis ce furent les sultanats musulmans portugais au début du XIVe siècle, qui la fuirent lorsque les dynasties musulmanes d'Inde du Sud envahirent à leur tour Goa.

Cette histoire mouvementée se lit dans les pierres de la ville, empreinte d’art et culture : un fort en ruine, un temple du XIe siècle, un beau Nandi, le taureau monture de Shiva, décapité par les Portugais qui s'employèrent assez méthodiquement à remplacer les temples par des églises, mais aussi de magnifiques demeures aux balustrades en fer forgé, dont les persiennes colorées se dissimulent derrière d'immenses bougainvilliers.

Impossible de manquer la longue façade de la « maison » Menezes Braganza Pereira : elle court tout le long d'une des rues principales, ornée de 24 grandes fenêtres au premier étage, chacune encadrée d’un balcon. Ce grand manoir portugais est le plus vaste de Goa. Établi sur un terrain offert au XVIIe siècle par le roi du Portugal à A.F.S. Braganza Pereira, vice-consul de Goa en Espagne, il est aujourd’hui divisé en deux moitiés où vivent deux branches de la famille, les Braganza Pereira et les Menezes Braganza.

Le hasard nous amène à frapper à la porte des Menezes Braganza, où nous sommes reçus par une dame d’un âge respectable, épouse d’un descendant des Braganza. C’est elle qui conduit la visite, de salon privé en salle à manger d’apparat. Lustres centenaires, portraits de famille, chinoiseries, porcelaines Ming ou cristal vénitien, causeuses et cabinets en bois précieux, impressionnante bibliothèque de plus de 5 000 ouvrages, c’est toute l’histoire de la famille qui prend vie. Elle nous décrit les richesses de cet étonnant héritage mais aussi les difficultés et les épreuves traversées par la présente génération, qui tente de préserver ce précieux patrimoine malgré les coûts importants que représente l’entretien de la demeure. Les quelques visites quotidiennes ne suffisent pas à couvrir les dépenses, de plus en plus exorbitantes à mesure que la bâtisse vieillit. Nous entendons aussi, en filigrane, les sombres rancœurs et conflits familiaux qui menèrent à la division de la propriété. Nous sommes bouche bée devant tant de merveilles et un brin mélancoliques en songeant à notre hôtesse, courtoise et raffinée, seule face à son devoir de transmission. Une visite indispensable.

Ainsi à Goa, il suffit de faire quelques pas de côté, de s'éloigner des plages les plus populaires et de s'enfoncer dans les terres, entre collines de terre rouge couverts de plantations et vallons fertiles, pour dénicher des lieux aussi inattendus que merveilleux. Un peu de temps passé à écouter les histoires de ces lieux et des gens qui œuvrèrent à les bâtir nous livre tellement plus qu'un simple guide de voyage... À peine la frontière de l'État franchie, je sais qu'il faudra revenir pour en apprendre davantage.

Karnataka, l’Inde esthète...

Badami, Aihole... Ces noms me sont familiers depuis plusieurs années maintenant. Je sais que j'y découvrirai parmi les premiers exemples d'architecture cultuelle hindoue en Inde, une richesse iconographique inédite qui, à Badami en particulier, est sublimée par un cadre naturel parfaitement choisi par des souverains esthètes. Autour de ces sites grandioses, j’ai été touchée par l'humble beauté des villages. De petites maisons qui ne sont pas sans évoquer la Grèce : façades blanchies à la chaux, escaliers qui filent vers les terrasses discrètes, balcons ombragés devant l'entrée.

Se promener à travers Aihole et Badami, c'est comme se retrouver dans une Inde où le temps se serait arrêté. En cette fin d’après-midi, les femmes donnent le bain à leurs plus petits et préparent le repas du soir, tandis que les plus grands jouent encore dans la rue ou font leurs devoirs sur le porche, à la lumière du jour.

Au cœur du village de Aihole, notre séjour se déroule dans le confort et l’intimité d’un vieux fort patiemment rénové par ses propriétaires, hôtel d’un charme discret qui se fond dans le paysage étonnant de ce tout petit bourg où les temples sont plus nombreux sans doute que les habitants, et nous nous émerveillons de ces habitations qui nous semblent parfaitement préservées, de ces odeurs de feu de bois une fois le soleil couché, de ces bruits de la vie domestique qui petit à petit s’évanouissent dans la nuit.

Le lendemain, après la visite des temples, nous nous rendons dans une coopérative où des femmes des environs apprennent puis pratiquent le tissage de saris, soutenues par un programme gouvernemental. Près de 1 500 femmes y sont employées, qui pour la grande majorité travaillent à leur domicile. Les placards nous révèlent des étoffes soigneusement pliées, aux teintes douces ou plus chatoyantes selon les traditions. C’est ravissant et nous sommes visiblement les premiers touristes à pénétrer dans ce local : un privilège.

... et l’Inde des campagnes riantes

Le Karnataka est le plus grand État d’Inde du Sud. Et pourtant, en voiture, jamais l’ennui ne s’installe tant les paysages parcourus sont beaux et variés. Loin de la monotonie d’un trajet sur autoroute, on roule à travers des campagnes riantes, où semble s’écouler une vie paisible dans laquelle le travail de la terre occupe encore une place centrale. Les damiers scintillants des rizières en eau cèdent la place aux champs de maïs ou de canne à sucre, puis aux vergers de manguiers. Plus loin, voici les goyaviers (et les plateaux de goyaves fraîchement cueillies sur les bas-côtés) puis de nombreux troupeaux de chèvres, parfois même de chevaux. Entre Hampi et Chikmagalur, c’est le millet, tellement moins gourmand en eau et riche en nutriments, qui nous a valu de nous régaler de délicieux chapati, suivi par d’immenses plantations de palmiers d’arec. Les carrés des champs d’œillets d’Inde parsèment tout ce vert de touches rouge ou orange vif. Puis arrivent les collines de la région de Coorg, où les pluies sont généreuses et la terre féconde. Le pays du café et aussi des épices, odorantes et précieuses. Il pleut à verse et nous sommes étonnés du concert presque tonitruant des oiseaux dans les arbres immenses.

Voyage Inde du Sud

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